samedi 23 juin 2012


De l’insécurité en côte d’Ivoire.

Dans un pays avec plusieurs ethnies, quand l’une d’elles monopolise le pouvoir durant plusieurs années, cela crée des divisions entre ces ethnies et pose le problème de l’insécurité comme c’est le cas aujourd’hui en côte d’ivoire.
 Houphouët Boigny a dirigé le pays de 1955 jusqu’à sa mort en 1993. Les gens parlaient de despotisme, de concentration du pouvoir entre les  mains de son ethnie, le baoulé. Et cela a continué 7 ans avec son dauphin, son protégé Bédié de la même région que lui. Après, est venu le tour de Gbagbo, le bété, de 2000 à 2010. Ce dernier n’a pas eu le soutien de la majorité de la population et a partagé le pouvoir contre son gré avec  ses adversaires politiques, représentants les sensibilités ethniques du pays. Et Ouattara, le Mossi ou le Dioula prend le pouvoir dans des conditions discutables de guerre civile.  De la diplomatie à l’administration centrale ou territoriale, de l’armée, des sociétés d’Etat, tous les postes de responsabilité sont  entre les mains de ses  proches et amis : Prenez par exemple la liste des membres du gouvernement. Vous verrez que sur les 36 ministres, au moins 20 sont du Nord ou de l’ethnie de Ouattara. Les Koné, Bakayoko, Zoumana, Soro, Keita, Sékou, Dramane remplacent les Loukou,Kalou, Drogba, Kouakou, Nguessan, Goly, Kragbé, Miezan, Kassi, Kouadio sur les chantiers, au bureau … L’on voit ressurgir les démons de l’ethnicité qui  fait toujours mal au pays.
  L’insécurité est le problème n°1, devant la cybercriminalité, les arnaques en tous genres qui font de la côte d’ivoire un pays à risques. Après, il y a  la corruption à grande échelle,  la délinquance à col blanc(le ministre de l’intégration s’est pris les pieds dans le tapis des indemnités liées aux déchets toxiques d’Abidjan, les mêmes faits que  Ouattara reprochait à Gbagbo), la surfacturation des grands travaux d’Etat, la réconciliation, le favoritisme, le social, l’enseignement, la formation et l’emploi, la santé, l’éducation, l’économie sont autant de maux sous perfusion qui gangrènent la société ivoirienne.
Dès l'an 1999, Soro et Ouattara n’arrêtaient pas de semer le trouble à l’ordre public en toute impunité :   L'assassinat du général Guéi, le coup d’état  manqué de 2002 qui a coûté la vie à plusieurs personnes doivent être inscrits sur leur casier judiciaire, ainsi que des délits notamment de trafic d’armes, de drogues, de diamants(les mines d’or et de diamant de Tortiya, Djenabana…), de cigarettes qui prospèrent dans le Nord  et génèrent d'importants revenus . Ces 2 hommes, pour reprendre l’expression d’un géo politologue sont  à la tête du cartel de Bouaké où l’argent de tous ces trafics coule à flot, aux yeux et à la barbe des services des nations unies que l’on pourrait taxer aussi de complicité.
Depuis qu’ils sont au pouvoir, avec toutes ces  rumeurs de coup d’état qu’ils alimentent eux-mêmes, ils divisent pour mieux diriger, Il n’est pas exagéré de dire que Soro et Ouattara ne se sentent pas en sécurité dans leur pays : Soro par exemple, l’homme fort de l’Assemblée nationale mobilise 300 ex-rebelles pour assurer tous les jours ses arrières. Ouattara, le président fait de même avec un peu plus de 1000 gardes républicains acquis à sa cause, auxquels s’ajouteraient quelques généraux français et de dizaine de militaires de la Force Licorne basée à Abidjan, payés avec l’argent du contribuable ivoirien qui est obligé de serrer la ceinture pour joindre les deux bouts . L’armée française qui est en côte d’ivoire pour le maintien de la paix ( à vérifier ) servirait à la protection des autorités et à la formation des officiers non qualifiés de la nouvelle armée, composée essentiellement de miliciens. En françafrique, les connaisseurs appellent cela de la coopération militaire. C’est la face cachée des accords secrets de défenses revus et corrigés sous l’ère Sarkozy.   Au moment où se pose la question du retrait de nos soldats d’Afghanistan, il est aussi normal au pays de la normalité de remettre en cause la présence de la force Licorne à Abidjan. Il est clair que cette force n’est plus là-bas aux ordres de l’ONU ni de la France…  
Lors de sa visite en France  en janvier dernier pour remettre « la rançon » à son ami, Ouattara  exhortait les patrons  à  venir investir en côte d’ivoire. « Vous n’avez rien à craindre », leur  disait-il  à la réunion avec le Medef, le syndicat des grandes entreprises de France. Jusque-là, je n’ai vu personne se bousculer aux portes de la côte d’ivoire, sinon cela se saurait. A part Bouygues et Bolloré qui mettent du beurre de karité ivoirien dans leurs épinards et qui sont habitués à l’instabilité politique dans ce pays, les français ont souffert de 11 ans de querelles intestines qui nuisent à la bonne marche de leurs business et de l économie ivoirienne : Les violences provoquées par les bombardements d’Abidjan et de Bouaké en 2004  sont à la base du rapatriement de plus de 10.000 expatriés ,parmi lesquels de nombreux chefs d’entreprises qui ont précipitamment quitté ce pays dans la confusion totale. Ces derniers pointent aujourd’hui dans les pôles emploi de l’hexagone. Beaucoup d’entre eux, choqués, ont du mal à reprendre une activité, d’autres sont devenus des clochards, leur famille brisée, sans ressources, dépressifs, malades …Est-ce que cela vaut-il la peine d’investir en côte d’ivoire pour la durée d’un mandat présidentiel,  pour 5 ans, vu que le changement de régime se fait toujours dans le sang , avec violence et destruction ?
Si le pouvoir n’est plus en sécurité, à quoi ressemble t-il donc le quotidien des ivoiriens ?  Les corps de métier de la police et de la gendarmerie, ayant une formation militaire de base et dont le rôle était d’assurer la sécurité des habitants de côte d’ivoire sont remplacés par des milices de l’ancien rébellion. Parmi ces derniers, ceux qui n’ont pas intégré les services de sécurité du pouvoir deviennent des hors-la loi : la  construction de faux barrages ou péages routiers pour racketter les voyageurs et les sociétés de transport,  la délinquance urbaine  sur les biens et les personnes  sont le fait de ces miliciens.  Vous n’êtes pas obligés de me croire.
Zako gnali

dimanche 3 juin 2012


La Cour Pénale Internationale : Adieu  OCAMPO
Le 30 Mai 2012, la CPI condamne Charles TAYLOR à 50 ans de prison. L’ex- président libérien est reconnu coupable de crime contre l’humanité, crime de guerre. Ce n’est pas cher payé pour les 150.000 morts, toutes ces victimes de la  guerre des diamants qui a duré 5 ans sur les territoires de la Sierra Leone et du Libéria, 2 pays voisins de l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Entre 1998 et 2003, les rebelles sierra- léonais ont semé la terreur, transporté leur guerre sur le territoire ivoirien et provoqué des déplacements de population, des réfugiés vers la côte d’Ivoire.
C’est avec ce souvenir que s’ouvre le 18 Juin le procès de Gbagbo, l’ex-président de Côte d’Ivoire. Mais beaucoup de questions se posent sur la normalité d’un tel procès étant donnée la poursuite des enquêtes sur le terrain. Et c’est une femme noire, d’origine africaine qui mène désormais les enquêtes. Le procureur Ocampo est admis à la retraite. C’est une tâche difficile qui attend la nouvelle procureure parce que les méthodes de son collègue  sont critiquables : On a vu le procureur Ocampo s’afficher aux côtés de Ouattara, féliciter Soro de ses prises en otage des institutions ivoiriennes. Ces 2 personnes sont sans le moindre doute les instigateurs de la crise ivoirienne mais les enquêteurs ne s’intéressent visiblement pas à elles. Monsieur Ocampo a donc montré ses faiblesses face au pouvoir de l’amitié, des relations humaines si bien qu’il a paru incapable de prendre des décisions de justice. C’est indigne pour quelqu’un qui a prêté serment.  Les ivoiriens n’ont donc aucun regret de son départ, le plus vite sera le mieux.
Madame Bensouda remplace  cet argentin atteint par la limite d’âge. Elle arrive au pouvoir  sous les feux des projecteurs. Cela s’explique par le dossier chaud dont elle hérite : La Côte d’ivoire. Mme Bensouda est de nationalité gambienne. Avocate de formation et ancienne ministre de la justice de son pays, elle est  l’adjointe de Ocampo. Elle était à Abidjan le 02 Avril dernier où elle a rencontré Dramane Ouattara et Guillaume Soro, les 2 têtes de l’exécutif ivoirien. Son arrivée était un vrai –faux poisson d’Avril fait aux ivoiriens : « Je suis arrivée en côte d’ivoire pour parler avec les autorités des questions de coopération dans la conduite de nos enquêtes », avait-elle déclaré devant la presse. Coopérer, c’est le motif du voyage de la procureure. Cela veut dire que les autorités ivoiriennes ne coopéraient pas du tout pour faire avancer les enquêtes. Mais Ocampo ne nous avait jamais parlé de coopération… C’est pour vous dire que ce voyage traduit les difficultés de la cour pénale internationale à s’imposer face aux autorités actuelles  et de là à désigner Gbagbo qui est déjà à la Haye comme étant le seul présumé coupable de la crise ivoirienne est une pilule qui passera très mal auprès de la population.
Qu’est-ce que l’on peut attendre d’une procureure qui boit le thé, déjeune, dine comme son prédécesseur à la table de Ouattara ou Soro, serre leurs mains couvertes du sang des  victimes, des mains sur lesquelles elle est venue enquêter ? Je ne sens pas cette femme : les photos prises en compagnie des Ouattara et Soro dans les couloirs du pouvoir d’Abidjan, avec un sourire jovial ne soulage pas la souffrance des victimes.   A la CPI,  on prend peut-être  les mêmes et on recommence.
Madame Bensouda sait qu’elle n’a pas beaucoup de marge de manœuvre dans le dossier ivoirien. Ses moindres faits et gestes seront analysés. Qu’elle sache qu’elle sera elle aussi jugée sur la qualité de son travail de part son origine africaine. Après tout, elle est d’abord une mère, une sœur, une parente, une chef de tribu africaine, une femme de loi. Il est inutile de lui rappeler qu’au moment des faits pour lesquels elle est désignée, il se trouvait sur le territoire de la côte d’ivoire, toute l’Afrique réunie : des gambiens, des sénégalais, des tchadiens, des maliens, des camerounais, des libériens, des sierra-léonais, des africains victimes de la barbarie des soldats de  Soro et de Dramane. On n’échange pas la mort de 3000 personnes contre « un pot de vin », une tasse de thé ou de café. De la réussite de la mission de Madame Bensouda dans ce bourbier ivoirien, dépendra la capacité,  l’image de la femme africaine promue à de haut poste de responsabilité.
Et  puis, quelle mère africaine accepterait-elle qu’on tue impunément des enfants, des femmes, des hommes pour avoir le pouvoir  sans que Ouattara, Soro ou même Gbagbo ne rendent pas de compte à la justice, impartiale soit-elle ?
Zako gnali