vendredi 15 avril 2011

Côte d'Ivoire : la levée de l'embargo !



Pour  étouffer financièrement le régime Gbagbo qui refusait de céder le pouvoir (l’argent étant le nerf de la guerre), la CEDEAO, l’ONU et la France ont pris un certain nombre de mesures nuisibles à la population  ivoirienne sur certains points de vue parmi lesquels :
-          La fermeture des filiales des banques françaises qui hébergent la majorité des principaux comptes de particuliers et entreprises de côte d’ivoire.
-          La perturbation du trafic aérien. Air France et d’autres multinationales ne desservaient presque plus la capitale ivoirienne.
-          Le trafic maritime complètement inexistant. Les  ports d’Abidjan et San-Pedro  ont enregistré un net recul des importations et exportations. En effet,  Ouattara et ses alliés ne voulaient pas laisser Gbagbo vendre illégalement les produits de café et de cacao pour se procurer ensuite des armes.
-          La banque centrale des Etats de l’Afrique de L’Ouest (BCEAO), placée sous la surveillance des Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de L’Ouest(CEDEAO) avait à son tour fermé les robinets des finances publiques de l’Etat ivoirien dont Gbagbo avait la signature, privant ainsi le camp de ce dernier de la manne financière dont elle a  besoin pour asseoir son pouvoir après le 28 novembre 2010.
L’arrestation de Gbagbo, le 11 Avril dernier va peut-être permettre la levée de l’embargo sur tous les produits de consommation  et de première nécessité à l’export et à l’import. Sur le plan national, l’on nous annonce déjà une légère reprise des activités dans les secteurs du transport, du commerce et de la distribution. Les marchés de Treichville, Adjamé,  Koumassi, Abobo, Yopougon, Cocody, des quartiers de la capitale économique grouillent déjà de monde comme auparavant ;  Les taxis rouges d’Abidjan ont par exemple fait leur réapparition, les petits commerces ont rouvert les  portes. Les trafics aérien et maritime ont repris à la joie des voyageurs et compagnies maritimes au départ et à l’arrivée d’Abidjan. C’est un signe du miracle ivoirien qui ne trompe pas malgré la peur, la méfiance et l’incertitude qui règnent dans le pays.
Dans le même temps, la CEDEAO ouvre les vannes des finances du pays pour permettre à Ouattara de s’installer et de se mettre au travail. Nous nous attendons dans l’ensemble  à un démarrage très difficile de l’activité économique ; Cependant nous souhaitons qu’Ouattara fasse mieux que quand il était premier ministre... Espérons que les banques françaises suivent le pas pour  leurs  filiales d’Abidjan.  Que cela puisse se mettre en place au plus vite pour soulager la population qui a subi cette crise du début à nos jours.
 De nombreuses sociétés appartenant à des entrepreneurs étrangers, en majorité des expatriés français ont été pillés, brûlés… Il faudra donc tout reconstruire, si ces français veulent encore rester en côte d’ivoire, malgré les horreurs qu’ils ont vécues. Au journal de 20h du 14 Avril 2011  sur France télévision, les reporters de France 2 ont montré un couple d’expatrié français qui découvrait les ruines de son entreprise calcinée, un vrai spectacle de désolation. L’émotion est grande en face de ces courageuses personnes qui employaient plus de 50% de la masse salariale de côte d’ivoire parmi laquelle vous avez eu peut-être un ami, un frère, un cousin, un oncle, un père, une cousine, des personnes actives  qui vont désormais , par principe de solidarité africaine solliciter, sans nulle doute,  tous les mois, votre aide pour faire face au besoin croissant de la famille.
 Dans ce brouillard diplomatique, sociale et politique, la France annonce un prêt de 400 millions d’euro, l’Onu, elle, avancerait 300 millions de dollars. Dans les jours à venir, l’on s’attend à ce que l’Union européenne, le Fond  Monétaire International, la Banque Mondiale, les Bailleurs de fonds, les USA, tous ces organismes et Etats qui ont épaulé Ouattara dans la conquête du pouvoir, qui ont participé de loin ou de près à la guerre civile en côte d’ivoire fassent des propositions de prêts d’argent ou se précipitent  au chevet de ce pays riche (pour placer leurs capitaux qui feront plus tard  des petits, comme des plans épargne logement , des assurances vie) , pourtant malade et présentant tous les symptômes des guerres civiles en Afrique :la diversité ethnique, le pouvoir, l’argent, la corruption, l’escroquerie , le sous-développement, la dictature , la démocratie, le favoritisme, les inégalités sociales, la discrimination sociale, la richesse du sous-sol.
 Dans leur politique  d’aide au développement ou de démocratisation en Afrique, les puissances occidentales ne prêtent  qu’aux pays émergeants  notamment la côte d’ivoire qui a d’énormes ressources : le cacao, le café, le pétrole, les oléagineux, le coton, la banane, la façade maritime, le diamant, l’or, tous ces produits du sol et sous-sol qui font la fierté de ce pays et dont certains voisins sont jaloux.
 J’espère que ces prêts profitent  en premier aux entreprises étrangères,  françaises  ou nationales, ces bâtisseuses de l’avenir, pour leur permettre de reconstruire le pays.  Je trouve cela dommageable des ivoiriens qui passent leur colère avant la réflexion en saccageant tous les symboles de l’étranger ou de la France en particulier en cote d’ivoire. Ces ivoiriens vont désormais affronter la dure réalité du  chômage sans être payés, dans un pays où il n’existe pas de prestations sociales et ce n’est pas le gouvernement d’Ouattara qui va leur fournir du travail dans l’immédiat, en raison de la crise mondiale qui fait que les employeurs recrutent moins de personnels. Les ivoiriens  voulaient  le beurre et l’argent du beurre, là ils ne vont pas être servis. Les premiers signes annonciateurs d’une légère reprise économique en côte d’ivoire seront probablement visibles vers l’horizon 2016, après qu’Ouattara ait sollicité un second mandat.
        En gros, 4 mois de sanctions économiques et 2 semaines de guerre civile intense, avec l’utilisation massive d’armes lourdes dans les deux camps a défiguré la côte d’ivoire, particulièrement Abidjan, le théâtre des batailles rangées. La bataille d’Abidjan a été programmée par les deux camps, celui d’Ouattara ou de Gbagbo  pour détruire les édifices de la république, afin que celui qui prenne le pouvoir après l’autre ait du mal à s’installer.  L’on appelle cela la politique de la terre brûlée. Tous les palais ont été bombardés et minés. Houphouët Boigny s’est pourtant donné  beaucoup mal à construire ces demeures. C’étaient des  joyaux  d’architecture ancienne et  moderne qui malheureusement ne peuvent plus être classés au patrimoine mondial de l’humanité. Le plus dur reste à venir. Personne ne sait pour le moment combien cela va coûter cette guerre civile ivoirienne. Pourvu que l’ ivoirien ne paie pas toute sa vie l’addition des conneries de deux personnes, Ouattara et Gbagbo.
Zako Gnali

lundi 11 avril 2011

Côte d'Ivoire: Gbagbo arrêté par l'armée française.


Je ne pense pas être le seul à ressentir un malaise quand j’écoute ou regarde les informations sur la côte d’ivoire. Le rouleau compresseur  médiatique nous laisse peu de temps pour comprendre la situation dans ce pays où le ver est dans le fruit. Le bras de fer engagé entre Gbagbo et Ouattara, au lendemain du 2e tour de l’élection présidentielle du 28 Novembre 2010 n’a duré que quatre mois. Depuis quelques jours, ce bras de fer est dans sa phase critique : celle de la guerre civile que tout le monde redoutait ; tous les coups sont permis, mêmes ceux qui donnent la mort et après, il est impossible de retrouver les coupables…
 L’on se souvient de ce qui s’est passé au Rwanda, en Afrique centrale : le génocide rwandais. La France y était impliquée. Aujourd’hui, en côte d’ivoire, la France y a encore fourré son nez pour placé un ami au pouvoir, quitte à bafouer les droits de l’homme et du citoyen, conformément à la déclaration universelle, ce principe inaliénable des peuples à disposer d’eux-mêmes. Et tous les politiques français se rétractent, rejetant la responsabilité sur l’Onu. La France dira d’ici peu à propos de Ouattara : «  J’ai beurré les tartines mais j’ai oublié le jambon ».
 Ce bras de fer vient de tourner en  faveur d’Ouattara, reconnu et soutenu militairement par la communauté internationale qui l’a installé au pouvoir. Ouattara sait comme vous et moi  que celui qui arrive au pouvoir par les armes finira par les armes. L’exemple du Général Guéï est un mauvais exemple mais je pense qu’Ouattara s’en souviendra car c’est dans ses propres rangs que se trouve le vrai danger.  C’est une guerre globale, illégale et inégale à tout point de vue, dans laquelle ces deux hommes, Gbagbo et ouattara ont entraîné le peuple ivoirien, humilié, meurtri, divisé qui commence mal le 21 Emme siècle avec une guerre civile. L’on agite à nouveau le concept d’ivoirité, ce virus comme le sida qui détruit la vie de millions de personnes à travers le monde.
 L’on murmure qu’Ouattara est un mauvais ivoirien, de part son origine du Burkina Faso. L’on en veut aussi à Bédié qui a vendu son pays pour une bouchée de pain en incitant son ethnie, le Baoulé qui est aussi celle du président défunt Houphouët Boigny à voter pour Ouattara.
 On parle  de la bataille d’Abidjan. Abidjan,  théâtre de batailles de rues, prison à ciel ouvert, admissible seulement aux caïds, rompus, aguerris aux combats armés ; la population se terre chez elle, au risque de sa vie. J’ai vu Abidjan sous les feux de bombes, de missiles ; j’ai cru un jour du 14 Juillet à la française. Ceux qui se souviennent des bombardements américains  en Irak lors de la guerre du Golf vous le diront ; l’atrocité de la poudre de canon, les destructions massives, tous ces édifices que l’homme a mis des années à construire pour son bien et qui sont anéantis du jour au lendemain sous le prétexte de conquérir le pouvoir. Les rues sont jonchées de cadavres : Abidjan, poulo condor, la ronde des hyènes, des chiens, des charognards, des corbeaux autour des cimetières qui n’ont plus de place pour donner une sépulture à ces malheureux soldats inconnus, morts pour défendre les couleurs de leur leader, Gbagbo ou Ouattara, ces balles perdues qui respiraient la santé , la joie de vivre, qui étaient au mauvais endroit au mauvais moment, sur le chemin de la libération de la côte d’ivoire. A l’intérieur du pays, des escadrons de la mort ont vu le jour notamment à Duokoué, dans l’ouest de la côte d’ivoire. Le bilan est plus que sanguinaire : Des milliers d’ivoiriens égorgés, brûlés vifs, dans leurs cabanes de chômes, de feuilles de palmiers ; quand on sait le degré de température qu’il fait souvent en Afrique, il est traumatisant de savoir que des gens ont brûlé vivant et agonisant dans ces cabanes. Pour ces personnes, que j'imagine, prisonnières, dans le même cas de figure que les passagers du vol Paris-Rio, qui à 15.000 pieds ont vu l’appareil à bord duquel ils avaient pris place  se perdre dans le vide et ont souffert avant de mourir lors de leur dernier voyage sur terre. Paix à leur âme. Il y a de quoi regretté le défunt Houphouët boigny qui, durant 40 ans, a su conjuguer la multiethnicité de la côte d’ivoire pour composer son parti unique  sans heurt car le problème de la côte d’ivoire est l’association des gens venus de toute part  sous le même toit et qui ont du mal à cohabiter. La révolte des Bétés en 1970 à Gagnoa, ethnie de Gbagbo,  menée par des nationalistes tels que dignan Bailly, kragbé gnagbé, opprimée, étouffée dans l’œuf par Houphouët boigny,  avec le  soutien de l’armée française, reste malgré tout dans les mémoires. Remarques, en 1970, c’est la première décennie de la franceafrique. La presse muselée, rien ne passe au travers les mailles du filet ; Circulez, y’a rien à voir. Et la vie a continué comme si de rien n’était…Des centaines de milliers de morts pour rien. Dieu ne dormira pas éternellement sur le sort de ces victimes des crises politiques en côte d’ivoire.
Ce jour 11 Avril 2011, au journal de 20h sur France télévision,  je suis choqué par l’image que je vois de Gbagbo, montré  en pleine déconfiture, il a maigri d’un coup de 20 kilos, dégoulinant de sueur, essuyant son visage, ses aisselles avec sa propre chemise, le regard perdu entre les siens et ses bourreaux ,  l’arrivée de sa femme Simone, décoiffée, une bretelle  tombante, donnant l’impression d’une femme qui vient de perdre son mari, les traits du visage tirés,  tous les deux épuisés par de rudes semaines de combats, avec l’idée qu’ils seront traduits devant le tribunal pénal international,  une façon de leur enlever leur dignité et leur signifier qu’ils étaient après tout responsables de la crise sévère et soudaine qui vient de froisser la côte d’ivoire. C’est l’image qu’on avait montré au monde entier  de Nicolas et Helena Ceausescu au moment de la  chute de la dictature roumaine.
La guerre civile, on sait quand elle a commencé. Depuis 2002 qu’elle hante l’esprit des ivoiriens, personne ne sait quand elle se terminera. Personne n’est aussi sûr d’en tirer un profit, ni du côté de Gbagbo ou d’Ouattara. L’on dit souvent aussi que la guerre est fille de la paix. Mais cette guerre qui divise les ivoiriens qui ont mal de la politique, de la démocratie est loin d’être terminée. La seule raison pour laquelle la réconciliation sera difficile est que la communauté internationale était juge et partie dans cette affaire en faveur d’Ouattara. L’Afrique est au bout de sa peine avec son sous sol qui pisse du pétrole, ce liquide qui est actuellement le nerf de la guerre dans nos contrées jadis tranquille.
ZAKO Gnali


dimanche 10 avril 2011

Juste pour comprendre la crise ivoirienne.


La Côte d'Ivoire, laboratoire d'une politique militaire française à tâtons
PARIS — La Côte d'Ivoire apparaît comme le "laboratoire" de la politique militaire de la France en Afrique, qui oscille depuis 20 ans entre ingérence et retrait, sans ligne claire et sans débat public, affirme Richard Banegas, professeur de Science politique à l'université de Paris I et spécialiste de la Côte d'Ivoire.
Q: Comment peut-on expliquer les choix d'intervention ou de non-ingérence de la France en Afrique, et notamment en Côte d'Ivoire?
R: Pendant la guerre froide, la France avait un rôle de "gendarme de l'Afrique". Après le génocide rwandais en 1994 -- et le désastre qu'il a représenté pour la coopération militaire française -- et celui de l'opération américaine à Mogadiscio en 1993, la donne change. C'est aussi le moment de la dévaluation du franc CFA, qui marque un désengagement de la France dans ses anciennes colonies africaines.
On est dans une logique de retrait. La Côte d'Ivoire a joué à cet égard un rôle de laboratoire de redéfinition de la politique africaine de la France.
Sur le plan militaire, cela va être théorisé par le gouvernement de Lionel Jospin (Premier ministre socialiste du président de droite Jacques Chirac de 1997 à 2002). C'est la ligne du "ni ingérence, ni indifférence". Cette ligne l'emporte quand en décembre 1999 à Abidjan, Henri Konan Bédié est renversé par un coup d'Etat: la France n'intervient pas.
Ce mouvement va de pair avec une réforme de l'armée française et la volonté de favoriser la formation des armées africaines.
Q: Mais la France conserve des bases militaires sur le continent et continue à déployer des troupes au gré des crises, notamment en Côte d'Ivoire.
R: A partir de 2002, il va y avoir un réengagement direct dans le laboratoire ivoirien, avec le déploiement de la force Licorne, qui témoigne d'une implication forte (jusqu'à 5.000 hommes) et d'une nouvelle doctrine interventionniste qui se pare de la vertu multilatérale. La force est placée sous mandat de l'ONU mais demeure sous commandement français, ce qui entretient l'ambiguité de la position française quant au multilatéralisme.
Cette attitude est aussi celle du non-choix politique, puisqu'elle consiste à geler les positions: en 2002, on ne choisit ni d'appuyer Laurent Gbagbo élu en 2000, qui réclame un soutien en vertu d'accords de défense, ni la rébellion (qui sera empêchée de progresser par le déploiement de Casques bleus et de soldats français, ndlr).
Au fond, depuis les années 1990, la politique militaire de la France est une politique d'indécision, définie au coup par coup en fonction des enjeux immédiats, sans ligne claire et sans débat public.
Q: Paris choisit pourtant d'intervenir en 2004, en détruisant l'aviation ivoirienne.
R: C'est un choix contraint, dicté par les circonstances après la mort de 9 soldats dans un camp de Bouaké (ouest) bombardé par l'aviation ivoirienne. Après la crise de 2004 et avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy (en 2007), Paris revient à sa position de retrait, programme la fermeture de sa base permanente à Abidjan (fermée en 2009) et la renégociation des accords de défense dans huit pays africains.
Quand éclate la crise post-électorale fin 2010, tout le monde s'interroge sur la prudence affichée par la France. Après le lancement de l'intervention en Libye, on entend des critiques sur le deux poids deux mesures, entre une Afrique subsaharienne qui serait destinée à résoudre ses problèmes par elle-même et un limes méditerranéen qui obéirait à d'autres critères. En intervenant lundi, Paris a levé cette contradiction, mais cela va compliquer sa relation avec les autres pays africains. Cela pose aussi la question du message que l'on véhicule: si on impose la démocratie par les chars, cela risque de demeurer le symbole d'une chicotte coloniale plus que de l'émancipation et de la liberté des peuples.
(Propos recueillis par Sofia BOUDERBALA)