La
Françafrique, dit-on est la version française de la mafia en Italie. Entre la
peste et le cholera … Disons que ce néologisme est une
invention, à l’aube des indépendances nationales de l’Afrique du président
Houphouët Boigny, le père de la nation ivoirienne pour
désigner la bonne gouvernance des pays africains d’expression française avec la
puissance colonisatrice. La France a toujours cherché à maintenir un lien
privilégié avec ses anciennes colonies et garder la main sur les richesses pétrolières,
agricoles ou minières de son pré-carré. Autre bénéfice pour l’ancien
colonisateur, depuis 1958, les dirigeants africains auraient financé sous la
table les campagnes électorales des partis politiques français, droite et gauche
confondues.
En contrepartie, la
France assure aux présidents africains leur longévité politique, au mépris des
règles élémentaires de la démocratie - Si besoin, elle intervient
militairement, en application d'accords militaires de défense, pour les
maintenir coûte que coûte au pouvoir : Beaucoup de gens disent même que la
Françafrique a permis à Houphouët Boigny et à son parti unique, le PDCI-RDA de
rester longtemps au pouvoir en côte d’ivoire-
40 ans- Ce n’est pas rien-
Dans
son discours d’investiture en Octobre 2011, le président Hollande évoque cette Françafrique-là
avec beaucoup de colère et de mépris. Il dit ceci : « La France
répudiera les miasmes de la Françafrique qui déshonorent non pas les africains mais tous
ceux qui s’accommodent de la corruption en Afrique, au point même, si l’on a
bien compris, de faire financer leurs campagnes électorales passées avec cet
argent-là, avec l’argent de la pauvreté, avec l’argent de la misère, avec
l’argent des armes… ».
L’Afrique a compris, Monsieur le président
votre message et elle attend des actes que des discours car avant vous,
Mitterrand a fait les mêmes promesses à la Baule… Et toujours rien.
Gbagbo, lui n’a pas eu la chance
d’Houphouët Boigny dans les arènes de la françafrique.Il a été lâché « aux
chiens » 2 ans après son arrivée au pouvoir en 2002. Depuis son arrestation, le 11 Avril dernier, les
langues se délient : Ses anciens amis politiques, ses ex-conseillers
balancent beaucoup… Ils parlent même trop pour soulager leur conscience, à
commencer par Me Robert Bourgi. Cet avocat était le conseil et le coursier de
la Françafrique et aussi l’ ex-conseiller occulte de l’Elysée : Il affirme
que Gbagbo a financé la campagne présidentielle de Chirac en 2002 ; Il
parle de 3 millions de dollars que l’ancien président ivoirien aurait sorti des
caisses déjà « vides » de l’Etat , pour les transférer vers la France, par valises diplomatiques-
secret d’Etat - soit 2 milliards de
F CFA environ qu’il aurait remis à Chirac, emballés dans du papier journal ,
sans facture donc sans preuve. C’est dommage que cet argent
« liquide » n’ait pu laisser de traces… Mais Me Bourgi évoque la présence d’Eugène Allou, le
Directeur du Protocole de Gbagbo... Et puis, Mamadou Coulibaly, l’ex-n°2 du
régime de Gbagbo, toujours Président de l’assemblée nationale confirme les
propos du cerveau de la Françafrique…
Remarquez, le premier trimestre
de l’année 2002 était une période très difficile pour la côte d’ivoire sur le
plan politique, économique et financière: Le pays connaissait un début de partage
entre le nord aux mains des rebelles et le Sud pro- gouvernemental. Le régime
de Gbagbo était menacé de toute part par les rebelles de l’actuel premier
ministre, Guillaume Soro. Cette atmosphère pourrie ne permettait logiquement pas à Gbagbo de dépenser sans
compter les deniers publics. Cet argent aurait pu servir aux plans d’aménagement
du territoire (les routes nationales sont impraticables, les nids de poule
dégradent la chaussée, par exemple la nationale qui relie Abidjan à Gagnoa, la
cité du fromager, le chef lieu de naissance de Gbagbo où la terre rouge
remplace le bitume), la santé publique est le parent pauvre du budget de l’état
ivoirien( les malades du sida manquent de médicaments ), l’électricité et l’eau
courantes sont les besoins criants de la société ivoirienne. Et à côté de la
misère de son peuple, Gbagbo se permet d’enrichir davantage les riches politiques
de France, au détriment de la morale.
C’est une histoire de ouf : L’Afrique du
Sud, les Usa, l’Angola et peut-être d’autres pays ont, dans un passé récent
proposé l’asile à Gbagbo, mais il a refusé parce qu’il tient un jour à se
défendre, à laver son honneur, à prendre le peuple à témoin. Gbagbo ne souhaite pas
être dans le même cas de figure que l’ex-dictateur tchadien Hissen Habré, exilé
au Sénégal, que ses victimes réclament désespérément devant la justice depuis 25 ans. Contrairement à Habré, Gbagbo ne
veut pas quitter la côte d’Ivoire, quel qu’en soit le
prix : Ouattara et à la communauté internationale l’ont chassé du pouvoir.
Cela fait 2 fois quand même que Gbagbo se
fait arrêter par Ouattara, en 1992 et
2011. L’on se doute bien qu’il soit dans de bonnes mains à
Korhogo ! Courageux mais pas téméraire, « il aime la vie, dit-il lors
de son arrestation». Gbagbo sait-il ce que son entêtement coûte au peuple ivoirien ,
à ses frères et sœurs Bété, Baoulé, Guébié, Atié, Dida, Krou, Yobé, Agni,
Gagou, Dioula, Guéré , Wolof ,Biafrais ?
Libérez donc Gbagbo afin qu’il s’explique
sur les valises d’argent liquide qu’il a fait porter par Me Bourgi pour le
compte de Chirac.
Zako
gnali